Festival International du Film de La Roche-sur-Yon -

Rêvant d’échapper au squat où elle vit avec son père immature et bruyant, Bailey rencontre par hasard Bird, un marginal inoffensif qui semble vivre aussi libre qu’un oiseau. Invitée du Festival en 2022, Andrea Arnold poursuit avec cette fable son œuvre singulière à cheval entre codes du cinéma social britannique et éclats de poésie surréaliste.

Prenez Ken Loach, donnez-lui 20 ans de moins et la pétulance d’une Vivienne Westwood et vous trouverez Andrea Arnold. Une sacrée nana made in England, frondeuse, dopée dans sa jeunesse à la musique et aux arts plastiques, elle est récompensée par un Carrosse d’or (Quinzaine des cinéastes 2024), la veille de la présentation de son nouveau film en compétition. Bird est un tourbillon, qui déborde de mouvements incessants, de trajets à toute allure à trottinette, de musique enflammée – rap, rock, postpunk (en vrac, on a relevé The Verve, Coldplay, Fontaines D.C.…). L’énergie sauvage qui s’en dégage est aussi relayée par un défilé d’animaux de toutes sortes  : papillon, goéland, corbeau, cheval, chien, mouche…. Ce bestiaire, associé à l’emploi de couleurs baveuses, apporte à l’action une poésie brute. Celle-là même que Bailey bricole en filmant sans arrêt avec son smartphone pour se récréer tout un monde imaginaire.

Jacques Morice, Télérama